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Paul Kalkbrenner – Guten Tag

Guten Tag

Notre allemand bien aimé a enfin sortis son album, Guten Tag, disponible en de multiples versions ( le vinyle me donne bien envie de passer à la caisse d’ailleurs). Alors qu’en est-il de ce nouvel opus ? A t-il réussis à remonter le niveau par rapport à Icke Wieder (qui certes était un bon album de techno, mais demeurait bien en dessous du résultat de Berlin Calling) ? C’est ce que je vais tenter de vous expliquer, et pour rassurez les impatients, « mister kalkbrenner » est revenu à sa grande période de succès !

Mais place à la petite chronique : on le rappelle, Paul est dans le milieux depuis les années 90, et a alterné différentes périodes : certains parlent d’avant-Kalkbrenner et d’un après, pour ma part je resterais en dehors de cette vision même si l’artiste a su alterner « Techno bien agressive » à une « Techno plus mélodique ». Cette dernière partie a lancé son succès, et je trouve dommage qu’on ne parle pas de ses EP comme Chrono ou dB+ qui pour moi sont de pures merveilles.

Enfin bref, Guten Tag est là, autant admirer la galette ! On se lance donc avec Schnurbi, titre introductif a l’album : bizarrement, cela fait penser au thème de « Batman The Dark Knight Rises » mais en plus planant, moins appuyé sur les basses. Je suis peut être le seul à penser ça, mais dans tout les cas ça me plait ! On poursuit ensuite avec Der Stabsvörnern (essayez de le dire rapidement, franchement impossible). Malgré ce nom bien ancré dans la langue Allemande (c’est sur que c’est pas de l’italien), cette track  est peut être une des plus grosse claque de Guten Tag. Avec des graves bien lourd, un kick unique à notre Paul adoré, et une  belle petite mélodie qui vient s’installer en milieu de morceau, on peut juste dire chapeau. C’est surprenant car ça diffère légèrement de son style général, mais on applaudis cette vague de fraicheur ! Kernspalte passe juste ensuite pour détendre l’atmosphère. Track de transition, elle apporte aussi son petit charme même si on garde encore en tête le rythme du morceau précédent. Spitz-Auge continue dans l’esprit de l’album : un titre ravageur basé sur des graves bien lourdes et saturées. On réussit a entendre vers le milieu du morceau quelques notes bien similaires à celles de Aaron, célèbre morceau présent sur Berlin Calling. On est content mais l’on se dit que Paul aurait pu faire mieux, bien mieux même.

On enchaine donc très vite sur Globale Gehung, autre morceau transitoire. Les fans les plus acharnés laisseront défiler, les autres décideront de passer à la suite. Et cette suite, c’est Das Gezabel. Petit rappel, Paul l’avait présenté bien avant la sortie de l’album, illustré d’un beau clip. Cette petite perle se base essentiellement sur le coté mélodique : on retrouve la pate kalkbrenner, mais en plus léchée, plus aboutie. On ne peut qu’en tomber sous le charme bien entendu, c’est l’aboutissement d’une carrière qui a su évoluer et emprunter de nouvelles portes, étapes bien compliquées dans le monde la Techno. Vörnern-Anwärter nous fait quitter ce petit monde sur les nuages pour quelque chose de plus basique. Avec ses 3 minutes, le morceau peut paraitre bien court, mais le choix est résolu : présenté sous la forme d’une instru’ répétitive, on est très vite surpris par cette idée bien barrée. Je doute que Paul passe cette track en live (peut être trop calme pour la foule), mais pourtant la démarche pourrait être originale (à condition d’en faire une sorte de mashup je pense). Vörnern-Anwärter est ainsi un vraie petite perle réservée à l’élite des fans. On continue avec Hinrich Zur See : plus classique, la track séduira le commun des mortels en tout cas. Encore une fois, l’aspect mélodique est bel et bien présent : c’est travaillé et ça peut rappeler l’excellent D.E.E.P de l’allemand. N’attendez donc pas un morceau tout en puissance, ici Paul joue la carte de l’envoutement, de l’ambiance.

Der Buhold arrive justement pour donner un coup de fouet à tout ça. Le morceau se présente avec un kick bien bourrin, mêlé plus tard par une sublime mélodie, encore une fois typique de l’artiste. A 2,12 minutes, c’est même l’orgie auditive ! C’est après ces 5 minutes de pur plaisir que se lance Speiseberndchen. Orienté vers un rythme bien plus posé (au début en tout cas), la track pourra aisément se placer dans les playlist d’avant-soirée. Ni trop calme, ni trop hard, cette petite pause dans l’écoute de ce Lp est vraiment bien pensée (encore une autre idée géniale de Paul tient). On passera Fochleise-Kassette qui fait tellement penser à Coldplay que l’on se demande pourquoi les Anglais n’ont pas cherché à porter plainte (non plus sérieusement, ces 30 secondes de mélodie auraient pu être facilement enlevées de l’album). On se change ainsi les idées avec Trümmerung, autre perle du Lp. Apothéose, voilà le mot qui conviendrait : avec un BPM bien élevé (ne voyez pas non plus une piste de Hard-Tech), on est très vite soulagé par l’incroyable talent dont dispose Paul : ça peut paraitre basique (et même répétitif à la longue) mais je demande a voir la tête des détracteurs en plein live ! Parce qu’avec le rapide aperçu du Festival de Berlin (là ou justement je vous avais dit que Paul avait passer cette  même track), ça claque à foison ! Datenzwerg nous permet ainsi de faire une petite pause dans cet enchainement de festivité. Les 30 secondes peuvent cependant paraitre bien courtes. On renchaine alors avec Schwer Verbindlich, véritable clin d’oeil à la bande son d’American Beauty (les petites notes de synthé, le rythme ou encore les petits effets par ci par là). On en sort avec un gros ou sourire aux lèvres pour aborder Der Ast-Spink. Bien plus agressif, le morceau montre le coté sombre de Paul : une petite réverb’, des graves bien lourdes, une mélodie toute simple qui se marie avec élégance avec le reste du morceau, non il n’y a rien à dire, encore une autre merveille de Guten Tag. Des Bieres Meuse a la lourde tache de nous faire oublier  la bombe précédente, mais ça ne marche pas. Track optionnelle, on aurait bien pu s’en passer pour directement arrive à Das Gezabel De Luxe, conclusion de l’album.

Et en parlant justement de cette conclusion, ce dernier morceau est vraiment étonnant : une guitare acoustique bien rythmée, de bons kicks bien placé, de la mélodie typique à la  Kalkbrenner, tout y est ! Un hymne du Far-West version XXIième siècle, à vous de voir, mais dans tout les cas, on ne pouvait pas trouver meilleure fin à cet incroyable Lp. Et c’est ça que Paul arrive à parfaitement gérer : une performance sans aucun temps mort (on oublie les 2 ou 3 transitions), un renouvellement de son style (bien sur n’allez pas voir par là un scindage de sa carrière, non, je parle plus d’un aboutissement de ses talents et de son savoir faire). Parce que l’ami n’a pas finis de nous faire bouger, sa longue tournée de 2013 à travers le monde étant là pour nous montrer qu’il ne déconne pas avec les Live : il l’a dit lui même, sa conception de la musique passe forcément par la foule, il est née dedans et ne parviendra jamais à s’en séparer. Paul Kalkbrenner nous livre ainsi un magnifique Lp, sans doute à classer dans le top 10 des albums de l’année. C’est certain, ce nouvel opus se vendra comme des petits pains (grosses distributions prévues) et pas mal de gens viendront critiquer cette « industrialisation de l’artiste » : rien à foutre, Guten Tag est et restera une perle, à vous de voir dans quel état d’esprit vous l’écouterez, mais autant vendre en masse une bonne production que de se taper les sortis pouilleuses de Steve Aoki !